Vivre le mieux possible. Se sentir bien avec soi-même, pour se sentir bien dans la relation à l’autre et dans son environnement, là est la santé psychique, la santé relationnelle, émotionnelle et affective à laquelle nous aspirons tous : être bien dans son corps, être bien dans sa tête.

« Etre bien » est un slogan en soi. Celui qui affirme une nécessité vitale.

La santé de chaque individu se construit dès sa naissance, grâce aux liens qu’il entretient bébé, avec les siens et le monde qui l’entoure. Grâce à la capacité des adultes à le soutenir dans la compréhension de son environnement, dans le respect de ses besoins. Des besoins fondamentaux qu’une relation d’aimance viendra contenir. Car rappelons que le petit homme naît, dans une quête de présence vitale et une demande d’être nourri de biens terrestres, mais aussi d’émotions, de sensations, de mots, de pensées, de fantasmes pour pouvoir un jour à son tour penser le monde. Pour pouvoir vivre de manière autonome sans jamais rompre avec son humanité, son besoin d’être en relation. Naître à l’autre, vivre avec les autres, mourir parmi les autres. Notre humanité est un long cheminement porté par chacun. Ensemble nous préservons et transmettons notre « espèce fabulatrice » dirait Nancy Huston, une espèce peu ordinaire qui se nourrit de récits, de mots, de pensées.

La vie est un défi avec ses crises et ses temps de croissance si complexes. Le temps de l’enfance par ses expériences nouvelles, de l’adolescence avec ses maux,  mais aussi la naissance du parent, ce moment où l’adulte va devoir se métamorphoser pour porter attention aux besoins de son propre enfant. Un moment de bonheur, mais aussi de peur, de doute, de questions qui doivent être reçues, prises en compte, pensées ensemble.

Si « un bébé tout seul cela n’existe pas », nous dit le célèbre pédiatre psychanalyste D. Winnicott, nous ajoutons « un parent tout seul n’existe pas ». Toute métamorphose demande une présence collective et des mots qui accompagnent. Et ce, d’autant plus dans une société qui accélère la vie au point que le temps de la relation s’en voit modifié et de plus en plus souvent sacrifié. Nous n’avons plus le temps de parler, plus le temps d’être ensemble, de penser ensemble, de partager, de réfléchir, de regarder les enfants et d’apprendre à les connaître. L’animal penseur se voit de plus en plus devenir coureur, accélérant sans cesse les actes de sa vie au point de perdre le sens de celle-ci.

Spécialistes de la famille,  nous entendons chaque jour des parents ordinaires témoigner de cette perte de soi qui les affole, de leur difficulté dans des actes de la vie qu’ils pensaient simples et pour lesquels ils éprouvent des angoisses massives, parfois des terreurs. Des parents qui travaillent, des femmes débordées par le cumul des tâches, des couples qui ne cessent de chercher l’équilibre familial, tout en préservant leur intimité conjugale. Tous, dans un premier temps font face et accélèrent le rythme de leur vie pour être performants, efficaces, irréprochables. Ils s’épuisent pour au final constater que rien ne s’améliore, qu’il leur faut faire toujours plus, toujours mieux dans une spirale sans fin. Ils en viennent à ne plus supporter leur enfant, à ne plus le comprendre et décrivent des sentiments de honte d’en être arrivés là. Diminués narcissiquement, affaiblis dans leur sécurité intérieure et l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes, ils ont tendance à s’isoler, à ne plus se confier et serrent les dents dans un sentiment de solitude grandissant. Alors  nombreux consomment des antidépresseurs, des anxiolytiques pour au final s’effondrer dans une nouvelle maladie moderne «  le burn out ».